L’économie carbone décrit les mêmes opérations que l’économie que nous connaissons (transactions commerciales, financements…). Simplement, elle les mesure en variation du stock de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ou carbone, là où l’économie traditionnelle compte en unités monétaires.
Elle éclaire ainsi chaque décision économique d’un indicateur de performance complémentaire : pour chaque bien ou service son contenu carbone à côté de son prix ; et pour chaque projet ou produit financier son taux de rendement carbone à côté de son taux de rendement monétaire ou son taux d’intérêt.
Ces indicateurs aident tous les acteurs à prendre librement de meilleures décisions de leur point de vue, intégrant leur pondération entre valeur monétaire et valeur carbone. Les décisions sont aussi meilleures du point de vue de la collectivité, puisque les indicateurs déclenchent une concurrence carbone et une décarbonation libre dès lors qu’ils sont transmis jusqu’en bout de chaine, de fournisseur à client, et de financé à financeur. C’est le rôle des économistes et de tous les acteurs de plaider pour que cette transmission intervienne le plus rapidement possible.
L’économie carbone donne aussi à la collectivité un indicateur collectif de pilotage de la transition. Il assurera que la transition respecte une « vitesse plancher » assurant que les chantiers qu’elle implique seront terminés « à temps ». Il y a en effet deux butoirs : le stock de carbone dans l’atmosphère au-delà duquel la planète cesserait d’être vivable pour les humains ; et le flux de captures du vivant au-dessous duquel les besoins essentiels humains cesseraient d’être satisfaits. Cette vitesse plancher prendrait la forme d’un taux de rendement carbone annuel plancher (à côté du taux d’actualisation monétaire) à viser et à obtenir en moyenne sur tous les projets d’investissements ou d’achats importants.